“Voyage au centre de mon cerveau” Dr Jill Bolte Taylor Extraits Jill Bolt Taylor a mis huit ans à "récupérer" toutes ses facultés, suite à  son AVC. Sa mère l'a accompagnée pendant les moments les plus  difficiles, lui faisant faire des exercices qui n'étaient pas courants en  1996, époque où l'on considérait que les séquelles étaient inévitables.  Ce qui est le plus étonnant dans ce qu'elle raconte, c'est la similitude  avec ce que les méditants bouddhistes expriment. On trouvera en fin de page, une vidéo, sous-titrée en français,  composée des principaux extraits de la conférence que Jill Bolte Taylor  donne à travers le monde pour relater son expérience.  Page 42  Notre empathie, notre capacité à nous mettre à la place d'autrui, prend naissance  dans notre cortex frontal droit. Notre hémisphère gauche traite l'information d'une manière en tous points  différente. Il rattache les uns aux autres, selon un ordre chronologique, les  instants riches de sensations dont nous prenons conscience dans notre  hémisphère droit. Il ne cesse de comparer les particularités de tel moment donné  à celles du précédent. En retraçant l'évolution au fil du temps de ce qui a  caractérisé un instant ou un autre, notre hémisphère gauche nous donne une idée du passé, du présent et du futur. Leur succession dans le cadre d'une structure  établie nous permet de comprendre qu'il faut accomplir telle action au préalable à  telle autre. …. Tandis que notre hémisphère droit pense par images, en se formant une vue d'ensemble de l'instant présent, notre  hémisphère gauche, lui, s'attache aux détails, à une infinité de détails.  Page 88  Je dois avouer que la nécessité d'admettre que notre vision du monde extérieur et notre relation à  lui découlent de notre « câblage » neurologique, m'a libérée tout en me posant un défi de taille.  Jusque-là, je n'étais donc que le pur produit de mon imagination !  …. La cérébralité de mon hémisphère gauche, pour l’heure en veilleuse, ne refoulait plus ma  conviction innée d'incarner une force de vie à l'état pur. Je gardais conscience d'un changement en moi mais pas une seule fois mon hémisphère droit ne m'a laissé entendre que je valais moins  qu'avant. Me voilà devenue un être de lumière dont l'énergie se diffusait dans le reste du monde !    Page 93  Depuis que mon hémisphère droit régnait en maître sur ma conscience, je débordais d'empathie.    Page 98  Imaginez-vous, si vous le voulez bien, privé petit à petit de l'ensemble de vos  facultés mentales. |…] Votre incapacité à vous rendre compte des variations de  température ou de la position de vos membres, modifie votre perception de votre  corps. Votre énergie se diffuse à tous ceux qui vous entourent. Voilà que vous  atteignez les dimensions de l'univers ! La petite voix dans votre tête, qui vous  rappelle qui vous est et où vous habitez, se tait. Vous oubliez les émotions qui  vous ont façonné au fil des ans. La plénitude de l'instant présent vous absorbe  tout entier. Tout, y compris la force vitale à l'œuvre en vous, rayonne d'énergie à  l'état pur. Mû par une curiosité enfantine, votre esprit découvre la possibilité  inédite de baigner dans une mer d'euphorie et votre cœur connaît enfin la paix.  Demandez-vous alors : seriez-vous vraiment motivé pour renouer avec les  contraintes d'une routine établie. Pages 163-164  Au cours du long processus de ma guérison, je me suis efforcée de parvenir à un équilibre harmonieux entre les deux  hémisphères et surtout de déterminer quelles tendances prendraient le pas à tel moment donné. Cela me tenait à cœur  dans la mesure où une profonde inquiétude mêlée de compassion pour le reste de l'humanité habite mon hémisphère  droit. Plus nous mobilisons les réseaux de neurones qui suscitent en nous sérénité et sympathie pour autrui, plus notre  entourage le ressentira et plus la paix s'étendra par contagion, si je puis dire, sur notre planète.  D'un point de vue neuroanatomique, la paix intérieure a envahi mon hémisphère droit quand le centre du langage et l'aire  associative pour l'orientation de mon hémisphère gauche ont cessé de fonctionner. …. Des moines tibétains et des sœurs franciscaines ont été invités à méditer ou prier  dans l'appareil d'imagerie cérébrale puis à tirer sur une cordelette quand ils se  sentaient au plus proche de Dieu ou au plus haut degré de leur méditation. Des  modifications de leur activité neurologique dans certaines régions spécifiques de  leur cerveau ont été observées à ce moment-là. Les centres du langage de leur  hémisphère gauche ont cessé de fonctionner et la petite voix qui babillait  d'ordinaire en eux s’est tue. Leur aire associative pour l'orientation s'est mise en  veilleuse dans la circonvolution pariétale de leur hémisphère gauche, la région du  cerveau qui nous permet de nous représenter dans l'espace. Quand celle-ci ralentit  son activité ou que notre système sensoriel ne lui envoie plus d'informations, nous  ne savons plus où commence et où finit notre corps qui tend à se confondre pour  nous avec notre environnement immédiat.   Pages 167-170  En tant que créature biologique, nous disposons d'une emprise extraordinaire sur nous-  mêmes. Nos neurones communiquent entre eux en fonction de circuits établis, ce qui rend  au final leur activation assez prévisible. Plus nous nous concentrons sur un réseau de  cellules en particulier, c'est-à-dire plus nous passons de temps à entretenir telle ou telle  pensée, plus notre influx nerveux aura tendance à suivre le même parcours à l'avenir.  En un sens, nos esprits ressemblent à des programmes de recherche sophistiqués qui se  concentrent presque exclusivement sur l'objet de leur quête. Si je prends plaisir à voir du  rouge autour de moi, je ne tarderai pas à en repérer un peu partout. Peut-être pas tant  que ça au départ mais, plus je me focaliserai sur mon envie de rouge, plus j’en  distinguerai dans mon environnement.  Chacun de mes deux hémisphères voit les choses sous un angle différent. Mon hémisphère  droit ne  se  soucie  que  de  l'ici  et  maintenant. Il sourit sans cesse et se montre très  amical.  Mon hémisphère gauche s'attache quant à lui aux détails en organisant mon  quotidien. C'est lui qui me pose des limites et juge de ce qui est bon ou pas, juste ou non.  Mon cerveau droit se concentre sur la plénitude de l'instant présent. Il jouit de ce qui fait la richesse de ma vie au  quotidien. Éternellement satisfait, il ne renonce jamais à son optimisme. Il ne juge pas en termes de bien ni de mal ; tout  existe de son point de vue dans un continuum ; tout est relatif. C'est dans mon hémisphère droit que résident les tendances mystiques, ma sagesse, mes facultés d'observation,  d'intuition, de clairvoyance. Mon cerveau droit en perpétuel éveil se laisse happer par l'écoulement du temps. Mon  cerveau droit (d'autant plus libre qu'il ne s'attache à aucune limite) affirme que j'appartiens à un tout qui me dépasse.  Page 174  Non content d'échafauder des contes à dormir debout qu'il prenait ensuite pour argent  comptant, mon cerveau gauche manifestait une fâcheuse tendance à la redondance, c'est-à- dire à ressasser sans arrêt les mêmes idées. Beaucoup d'entre nous voient leurs pensées  s'enchaîner sans répit et se surprennent plus souvent qu'à leur tour à imaginer les scénarios  catastrophes. Hélas ! Notre société n'apprend pas aux enfants à cultiver le jardin de leur  esprit. J'ai décidé de tirer une croix sur la partie de mon hémisphère gauche qui m'incitait à la  mesquinerie, aux tracasseries incessantes et au dénigrement de moi-même et des autres.  Mieux valait renoncer aux circuits neuronaux qui ravivaient en moi des souvenirs douloureux.  La vie me paraît trop courte pour que je me soucie encore des souffrances qui appartiennent  au passé. Pages 175-176  Certains programmes de notre système limbique (à l'origine de nos émotions) se déclenchent par automatisme en libérant  des substances chimiques qui se diffusent dans l'ensemble de notre organisme, mais disparaissent en moins d'une minute  et demie de notre circulation sanguine. Prenons l'exemple de la colère : il nous arrive de nous emporter comme par  réflexe dans certaines circonstances. Des substances chimiques qui perturbent notre équilibre physiologique nous  envahissent alors pendant une minute et demie. Elles se dissipent ensuite et notre réaction automatique n'a plus lieu  d'être. En résumé : ma colère ne persiste plus d'une minute et demie que lorsque je laisse le circuit neuronal  correspondant activé en boucle. Je n'en reste pas moins libre à tout moment d'attendre que ma réaction se dissipe en me  concentrant sur l'instant présent plutôt que de me laisser happer par le fonctionnement répétitif de mes neurones. Le « câblage » de notre système limbique a tellement tendance à programmer nos réactions que nous avançons souvent  dans la vie en pilotage automatique. J'ai découvert que, plus les cellules de mon cortex supérieur se montraient attentives  à ce qui se passait au sein de mon système limbique, mieux je maîtrisais mes pensées et mes sentiments. La surveillance  des cellules responsables de mes réactions automatiques m’aide à maintenir mon emprise sur moi-même en m’amenant à  prendre conscience des décisions de mon organisme. À long terme, j'assume ainsi la responsabilité de ce à quoi  ressemble ma vie au quotidien.  Rien ne m'a plus donné confiance en moi que de me découvrir enfin libre, de ne plus ressasser des pensées génératrices  de souffrance. Quelle délivrance que de me convaincre qu'il ne dépendait que de moi de me laisser envahir par l'amour et la quiétude «  de mon hémisphère droit », peu importe ce qui m'arrivait ! Il me suffisait de « virer à droite » en me focalisant sur  l'instant présent. Page 179  L'un de mes excellents amis, le docteur Jerry Jesseph, a pour maxime : « Mieux vaut prendre la paix intérieure pour point  de départ que se la fixer pour objectif. » Page 181  Si je veux échapper aux idées noires que mon hémisphère gauche prend un malin plaisir à ressasser,  il est impératif que je les identifie au plus vite.  Dès que je repère un circuit cognitif en train de s'activer dans mon cerveau, je me concentre sur ce  que je ressens au plus profond de moi-même. Comment qualifierais-je mon état ? Mes pupilles se  dilatent ? Le souffle me manque ? Mon cœur se serre ? La tête me tourne ? Mon estomac se noue ?  L'anxiété me gagne ? Toutes sortes de stimuli sont susceptibles de mettre en branle le circuit de nos  neurones qui suscitent en nous la crainte ou la colère, en provoquant une réaction physiologique  type qu'il nous est par ailleurs loisible d'étudier.  Page 188  Quand j'éprouve une douleur quelconque, je me tais le temps de panser les plaies en cédant à ma souffrance, ce qui lui  permet de se dissiper plus rapidement. La douleur avertit notre cerveau qu'une partie de notre organisme vient de subir  un traumatisme et qu'il ferait bien d'en prendre note. Une fois parvenue à ma conscience, ma douleur a joué son rôle et si  elle ne disparaît pas complètement, du moins elle s'estompe.    Pages 190-191  Si je me fie à mon expérience, la paix intérieure provient d'un circuit de neurones dans le  cerveau droit qui, parce qu'ils ne se reposent jamais tout à fait, restent susceptibles de  prendre le pas sur les autres à tout moment. Notre sentiment de quiétude s’ancre dans  l'instant présent. Il ne nous vient pas d'un souvenir du passé ni d'une projection dans l'avenir.  Pour atteindre la paix intérieure, il me semble impératif de se laisser absorber par l'ici et  maintenant.  Il ne faut pas s'en étonner : nos sociétés occidentales attachent plus de valeur aux facultés  actives de notre hémisphère gauche que celle du droit, plus contemplatif. S'il vous semble  malaisé de laisser s'exprimer votre hémisphère droit, c'est sans doute parce que vous avez  trop bien retenu ce que l'on vous a enseigné toute votre enfance. Ce qui me met sur la voie de la paix intérieure, c'est d'abord de me rappeler que j'appartiens à  un tout qui me dépasse, un flot d'énergie éternelle dont je ne saurais me dissocier. Cela me rassure de me dire que je me  rattache au flux cosmique de l'univers tout entier. Il me semble alors que le paradis m'attend sur terre. Mon hémisphère  gauche me considère comme un individu fragile qui risque fatalement, à un moment ou un autre, de perdre la vie. Mon  hémisphère droit s'attache au contraire à l'essence éternelle de mon être. Peu importe si je meurs. Mon énergie se diluera  dans le vaste monde qui m'environne.               Page 202  Un moyen d'échapper à la rumination de notre hémisphère gauche consiste à le prier tout bonnement de chasser les  pensées nocives qui nous perturbent. On ne saurait sous-estimer l'efficacité des incantations répétitives telles que les  mantras (un terme qui signifie littéralement « lieu de repos de l'esprit »). Il me suffit de respirer à pleins poumons en  répétant « Je déborde d'allégresse » « Je ne désire rien de plus que ce que je possède » ou encore « Je suis l'un des  merveilleux enfants de notre mère la terre » pour basculer aussitôt dans la conscience de mon hémisphère droit.  Le retour à la méditation (qui me conduit à un enchaînement d'idées riches en émotions) me fournit encore un autre  moyen d'éloigner de ma conscience les pensées dont je ne veux pas. La prière, par laquelle nous substituons un ordre de  réflexion à un autre, nous permet aussi d'échapper aux pièges du ressassement au bénéfice de notre tranquillité d'esprit.  Page 207  La douleur ne relève pas d'un choix conscient alors que la souffrance, si.   Vidéo Extraits de la conférence du Dr Jill Bolte Taylor Durée : 18’25” Accueil  Les fondements du Bouddhisme   Les grands courants du Bouddhisme   Philosophie ou religion   La Méditation    Bouddhisme et univers     Bouddhisme et neurosciences                                                                                                                        Sources documentaires      Contact                                                                                                                                                                                                                                                                                                        © Patrick Deullin 2011