En rupture idéologique avec les Anciens, les écoles Mahâyâniques affirment que le Bouddha  posséde une triple nature qui se manifeste par un « Triple Corps » (Trikaya) dont seul le  dernier est apparu sur terre : un « Corps Essentiel » (Dharmakaya), transcendantal et  symbolisant l’Être absolu, un « Corps de Félicité » (Sambhokaya) issu des incarnations  antérieures du Bouddha habitant la « Terre pure », et un « Corps de transformation »  (Nirmanakaya) qui peut prendre n’importe quelle forme et que le Bouddha emprunte chaque  fois qu’il venait en aide aux hommes.    Au travers du Mahayana, chacun a donc la possibilité de parvenir au nirvana en réalisant la      « Nature du Bouddha » qui est en lui, par opposition au Hinayana qui le réserve aux moines.   Deux écoles Mahâyâniques s’imposèrent rapidement et devinrent les références en la matière :  Madhyamika (« Voie du Milieu ») fondée par le mystique indien Nagarjuna et Yogacara           (« Chemin de l’Union »), créée au IVème siècle par trois maîtres, Maitreyanatha, Asañga et Vasubandhu.  Pour Nagarjuna, la prise de conscience de la vacuité universelle est le postulat de base. Rien n’a  de réalité puisque chaque phénomène nait d’une cause précédente qui le conditionne. Ce  conditionnement n’a pas de nature propre. La relation de cause à effet est donc nulle et non  avenue. La doctrine de Nagarjuna  connut un grand succès en Inde du Nord, au Tibet, en Chine et au  Japon où elle fut enseignée par des maîtres prestigieux tels que Buddhapalita, Shantideva,  Chandrakirti,…  Le Yogacara, aussi appelé Vijñanavada, met l’accent sur la connaissance comme élément  primordial. Tout ce qui existe est pur esprit et n’existe que par la conscience que nous en avons.  Lorsque nous percevons un objet, nous le percevons de manière extérieure alors qu’en réalité  nous ne faisons qu’un avec lui. Nos perceptions sont donc des produits de notre imagination que  nous prenons pour la réalité.  Le Yogacara connut son apogée, surtout en Chine et en Extrême Orient, aux VIème et VIIème  siècle sous l’autorité de deux moines, Dharmapala et Sthiramati.  Une volonté d'universalisme  Les tenants du Mahayana reprochaient aux représentants des Anciens l’étroitesse de la  voie réservée aux moines. Ceux-ci, soutenus par les pouvoirs politiques, se livraient à  l’étude des textes coupés du reste du monde. Un autre reproche était que la discipline  était devenue trop rigoureuse, s’éloignant des préceptes du Bouddha. Enfin, suite aux  invasions multiples et au renouveau des valeurs hindouistes, les populations avaient une  nouvelle perception des valeurs religieuses : la promesse d’une hypothétique délivrance  au terme d’une démarche complexe ne suffisait plus, il fallait une religion capable d’aider  au quotidien. Le bouddhisme se devait donc de s’intéresser à l’ensemble des êtres et non  plus seulement aux moines. C’est ce que fit le Mahayana.    Bouddha et bodhisattvas  Les laïcs pouvaient désormais prétendre au salut sans porter la robe et se raser le crane. Chaque  fidèle pouvait honorer son Bouddha selon les préceptes de son école puisque le « Corps de  Transformation » était une manifestation dans notre monde du « Corps de félicité ».  Les « Docteurs » émirent l’idée que le karma d’un être de qualité pouvait transmettre à d’autres  ses propres mérites : c’est le rôle d’un bodhisattva (« être éveillé ») qui diffère son entrée dans  le nirvana pour se consacrer à la délivrance des êtres. Ce message est en rupture totale avec le  concept hinayaniste. On vit apparaître dans les traités Mahayanistes, de nombreux Bouddhas et bodhisattvas, dont  des Bouddhas transcendantaux comme Amitabha (« Eclat Infini »), Amithayus (« Longévité  Infinie ») maître de la Terre Pure de l’Ouest, Vairocana... A ces Bouddhas correspondent de très  nombreux bodhisattvas. Le plus célèbre est Avalokitteshvara (« Le Seigneur de Lumière »),  symbole de la compassion, qui est aussi vénéré sous sa forme féminine Guanyin ou Kannon.  Manjushri (« Celui qui est Noble et Charmant »), représente la puissance de l’esprit et sépare  avec son épée la vérité de l’erreur. L’expansion originelle du Mahayana  Le Gandhara  Le Gandhara recouvrait le Nord-Ouest de l’Inde, le Nord du Pakistan et l’est de  l’Afghanistan. La région était dominée par des Etats indo-grecs apparus avec les invasions  des Grecs de Bactriane. Le bouddhisme s’y implanta très tôt, favorisé par l’empereur  Ashoka. Au IIème siècle, le puissant roi Kanishka qui régnait sur un  empire allant jusqu’à Bénarès et le Deccan, organisa le cinquième  concile avec la participation de cinq cents arhats. L’art hellénisé du  Gandhara connut alors un âge d’or : stupas, statues, peintures  rupestres, gravures d'une très grande facture se multiplièrent dans  les villes du royaume et sur la route de la soie.   L’art du Gandhara est le premier à avoir représenté le Bouddha sous  forme humaine alors que le bouddhisme indien le symbolisait par un  trône vide. Des éléments gréco-indiens stylisés devinrent  incontournables pour les écoles bouddhiques postérieures :  l’ushnisha (protubérance en forme de chignon ou de flamme sur la tête du Bouddha symbolisant  son énergie spirituelle), l’urna (« œil divin » sur le front qui désigne un être prédestiné) ou le  chakra (roue représentant la plénitude de la Loi).  Ce sont les invasions musulmanes Turco-mongoles (VIème siècle) qui mirent fin au sangha d’Asie  Centrale.   Le syncrétisme de la Malaisie et de l'Insulinde  Le bouddhisme se développa dans les royaumes indianisés de Java et de Sumatra  aux Vème et VIème siècles. Trois cents ans plus tard, les souverains  Shailendra  (centre Java) couvrirent toute la moitié orientale de l’ile de monuments hindouistes  et bouddhistes. Ce sont eux qui construisirent le gigantesque stupa de Borobudur, le  plus grand monument bouddhique jamais bâti.  Au milieu du IXème siècle, le Mahayana s’était imposé, en parallèle à l’hindouisme,  surtout sous sa forme tantrique. Il devint la religion officielle de la plupart des  royaumes javanais. Le sangha indonésien entretenait des relations étroites avec les  autres pays bouddhistes. Au XVIème siècle, l’Islam présent dans toute la région depuis trois siècles, supplanta  rapidement le bouddhisme et l'hindouisme sauf à Bali où a survécu une forme originale d’hindouisme, mélange de  shivaïsme, de tantrisme, de Mahayana et d’animisme.  Notons qu’en Indonésie, le premier pays musulman par la population, près de 2 500 000 Indonésiens se disent  bouddhistes, tandis qu’un malais sur cinq pratique une forme de bouddhisme.   Le bouddhisme en Chine  Lorsque le bouddhisme arriva en Chine, il fit face à des traditions  chinoises établies de longue date : le taôisme et le confucianisme.  Pour survivre, le bouddhisme dut "devenir chinois".   Né pratiquement à la même époque que le Bouddha, Confucius  avait fondé son enseignement sur la moralité, l’ordre, l’érudition et  la tradition : si tous les hommes suivaient la voie de la clémence et  de la bienfaisance, l’ordre moral de l’Etat serait restauré; l’Etat tout  entier accèderait à l’harmonie morale et politique en accord avec  l’ordre moral céleste. La famille était placée au centre de la vie  séculaire et cérémonielle avec en son cœur les âmes des ancêtres  dont on obtenait la protection par des rites et des sacrifices.  La philosophie taôiste, inspirée par un écrit de Lao Tseu, le Tao Tö  King, était « hors institutions ». Le sage taôiste pratiquait « l’Etat  naturel » et la contemplation. Il n’avait pas besoin de rites ni de temples ; il recherchait la solitude dans la nature et  rejetait conventions et textes religieux. Les débuts du bouddhisme en Chine  Le bouddhisme commença son implantation en Chine au milieu du Ier siècle. Dès le siècle suivant, des moines venus de  l’Inde et de l’Asie Centrale s’y établirent.  L’affaiblissement des Han conduisit l’empire dans une succession de crises économiques,  de famines et de guerres internes. Les classes éduquées ne trouvant pas de réponses à  leurs problèmes dans le confucianisme se tournèrent vers les moines bouddhistes qui  propageaient le Dharma dans les centres urbains, le long des routes commerçantes  intérieures. Pour les chinois, notamment les taôistes, le bouddhisme était un moyen  d’acquérir la libération  mais aussi des "pouvoirs magiques". Des vocables taôistes furent  utilisés pour traduire les notions d’Eveil ou de Dharma. Le bouddhisme prenait peu à peu  une « saveur » chinoise. Les objections chinoises au bouddhisme étaient nombreuses. La nouvelle religion venant  de l’extérieur, elle avait un caractère « barbare ». Le bouddhisme était inconciliable avec  certaines réalités confucianistes : d’une part, les moines étant célibataires, ils ne  pouvaient prendre part à la vie familiale et au culte des ancêtres ; d’autre part, comment  concilier la renaissance avec la notion d’un paradis d’où les ancêtres donnaient leur  bénédiction à leurs descendants. Enfin, les moines bouddhistes ne reconnaissaient aucune  autorité séculaire ; ils refusaient donc de s’incliner devant l’empereur.  Entre le IIème et le Vème siècle, période de division entre le nord et le sud de la Chine, le  bouddhisme se développa de plusieurs façons. Les convertis chinois habitués au  confucianisme adoptèrent l'Hinayana qui préconisait l’étude des textes et la pratique  méditative méthodique. En revanche, ceux qui avaient suivi la voie du taôisme, moins  rituelle et plus intuitive, se sentaient proches du Mahayana. Monastères et temples des deux écoles s’établirent donc en Chine méridionale soutenus par les riches familles converties  et les empereurs du Sud, séduits par le concept de Cakravartin, le "souverain universel".  En Chine du nord, les moines devaient composer avec les envahisseurs barbares. Ils surent jouer sur la demande de «  magie » de ces monarques pour obtenir leur protection.  Au Vème siècle, Kumarajiva fit, à la tête d’une importante équipe de lettrés, une traduction des textes indiens enfin  débarrassée des connotations taôistes. Les institutions bouddhistes étaient devenues très fortes. Monastères et temples  furent construits par milliers dans toute la Chine. C’étaient des centres d’étude, de philosophie, de commerce et bien sur  de charité. Cependant, le bouddhisme dut résister aux attaques confucianistes et taôistes. Les principales écoles du bouddhisme chinois  A partir du Vème siècle, le bouddhisme chinois, devenu adulte, commença à créer ses propres écoles. Il y en eut de très  nombreuses parmi lesquelles quelques une émergèrent.  Les écoles T'ien-T'ai et de la Guirlande de Fleurs L’école T’ien-t’ai doit son nom aux montagnes de la Chine méridionale, « les terrasses du ciel »  ou vécut Tchih-hi, son fondateur, au VIème siècle. Tchih-hi essaya d’articuler les enseignements du Bouddha en une progression cohérente  culminant dans le Sutra du Lotus qui proclame la libération personnelle. Selon T’ien-t’ai, tous les  phénomènes sont inséparables de la vacuité et l’ensemble de l’univers est contenu dans la plus  petite particule de poussière. Tchih-hi considère que le Bouddha n’a pas enseigné une doctrine unique à tous ses disciples,  mais adaptait son enseignement pour permettre à chacun d’atteindre l’Eveil.  L’école de la Guirlande de fleurs (Huayan) s'est développée un peu plus tard en Chine du Nord.  Elle se fonde sur le Gandavyuha, tiré de l’Avatamsaka Sutra (« Sutra de la Guirlande de fleurs »),  que le Bouddha aurait révélé juste après son Eveil. Selon cette école, le Bouddha conscient de la  difficulté de comprendre l’ensemble de son enseignement, le diffusa peu à peu après avoir  expliqué les enseignements les plus fondamentaux.  Pour les adeptes de Huayan, le Sutra de la Guirlande de Fleurs demeure l’expression la plus  profonde des réalisations ultimes. L’ensemble des phénomènes sont interdépendants et n’existent  pas de manière séparée. La paix ultime peut être atteinte par la contemplation de ces interactions. L'Ecole de la Terre Pure La Terre Pure est un bouddhisme dévotionnel centré sur un bouddha spécifique : Amitabha.  Les mahayanistes ont développé une vision cosmologique avec l’existence de mondes infinis où  bouddhas et bodhisattvas se manifestent. Ce sont des royaumes paradisiaques où n’existe aucune  douleur physique ou mentale. Le plus célèbre d’entre eux est Sukhavati, La Terre Pure de l’ouest ou  réside le bouddha Amitabha. Chacun peut entrer en Sukhavati à condition de vouer une dévotion sans  distraction à Amitabha pendant sept nuits et de penser à lui au moment de la mort.  Le Tch’an, l’école de la méditation Tch’an est la traduction en chinois du mot sanscrit dhyâna (méditation). En japonais il est devenu le  Zen. Le Tch’an rejette les rituels et même l’autorité des textes. Il s’est développé sous la dynastie Tang  (618-907), période de prospérité et de sérénité pour la Chine. Cette école fut dirigée par une série  de « patriarches » dont le premier fut Bodhidharma, un moine indien arrivé en Chine Méridionale  vers 520. Rejeté par la cour du Sud, il se retira au Nord. Pendant neuf ans, il médita  silencieusement, les yeux ouverts face à un mur avant d’enseigner. Pour le Tch’an, l’esprit du Bouddha que les méditants recherchent en eux même est identique à la  vacuité primordiale. L’étudiant Tch’an est soumis à une stricte discipline, souvent dure. Mais une fois  ces difficultés transcendées, l’esprit est libéré de la foi et des symboles, permettant de contempler la vérité. Pour éveiller l’esprit, les maîtres Tch’an créèrent des problèmes et des énigmes complexes,  les koung-an. Le bouddhisme au Japon  Le bouddhisme chinois arriva au Japon par la Corée au Vème siècle et fut très rapidement proclamé  religion d’état.   Les deux capitales successives Nara et Kyoto furent le théâtre de deux périodes bouddhistes riches  aussi bien par les quatre grandes écoles qui s’y créèrent entre le VIIIème et le XIIème siècle, que par  la production artistique. C’est ensuite l’avènement du shogunat militaire qui va favoriser l’établissement  du Zen. A la fin du XIXème siècle, bouddhisme et shintoïsme se séparent.   Le shintoïsme d’état, avec la déification de l’empereur, fut démantelé en 1945, permettant un  renouveau pour le bouddhisme.  La naissance d'un syncrétisme unique  Dans un premier temps, shintoïsme, confucianisme et bouddhisme ont évolué parallèlement avec  une véritable « coexistence pacifique ». En 594, Shotoku, le régent impérial converti au bouddhisme, le proclama religion d’état. La  nouvelle religion se développa rapidement et les clans japonais financèrent la construction de  nombreux temples. Mais parallèlement, Shotoku apporta un  soutien gouvernemental à la création d’une nouvelle  prêtrise shinto.  Au début du VIIIème siècle, apparut un syncrétisme des  deux religions. Les populations continuant d’adorer leurs  kamis (dieux) locaux, les bouddhistes ouvrirent leurs  temples à des sanctuaires shintô et les autels bouddhistes  furent acceptés près des sanctuaires shintô. Les chamanes  traditionnels se convertirent au bouddhisme pour répondre  aux besoins « médicaux et spirituels » des paysans pauvres,  mais surtout pour assurer leur survie. Un siècle plu tard, le  Ryobu-shintô, véritable religion shintô-bouddhiste était née.  Elle devait durer 1000 ans avant de se rediviser. Les missionnaires chinois et coréens qui introduisirent le bouddhisme au Japon importèrent de Chine des textes, des  rituels, des statues des écoles Hinayana ou Mahayana. Trois textes eurent une influence particulière au Japon : le Sutra du Lotus, le Sutra de la lumière dorée et le Sutra des rois bienfaisants.  L’époque Nara : la naissance d’écoles bouddhistes calquées sur les écoles chinoises  Alors que la Chine vivait une période de prospérité et de paix, le VIIIème siècle au Japon était soumis aux guerres de clans  que le pouvoir exécutif installé à Nara (Kensai), la capitale, avait beaucoup de mal à contrôler. Tout ce qui était chinois  intéressait l’aristocratie nippone. Le bouddhisme en faisait partie.  Les six écoles bouddhistes de la “capitale du sud” (Nara) étaient calquées sur les écoles chinoises. Le bouddhisme que  pratiquaient les six écoles de Nara et leurs doctrines philosophiques ne furent vraisemblablement pas comprises en dehors  des religieux lettrés et de quelques personnes appartenant à l'aristocratie. Le clergé bouddhique avait pour fonction  officielle de prier pour la sécurité et la prospérité de l'Etat et de la maison impériale.    L’époque Heian-Kyô (Kyoto)   En 784, le nouvel empereur Heian transfère sa capitale à Heian-Kyô (Kyoto), «capitale de la paix et de la tranquillité » afin  d’échapper aux politiciens monacaux de Nara.   L'Ecole Tendai Saicho, un jeune moine qui, refusant les dérives mondaines de l’institution bouddhiste,   avait lui aussi fui Nara, installa un ermitage au sommet du mont Hiei qui dominait Kyoto.  Rapidement, la « cabane » devint un temple important protégeant le côté nord-est de  Kyoto, mal auguré selon la géomancie chinoise.  Il y établit une école fondée sur la doctrine du Sutra du Lotus, le Tendai (sur le modèle de  l’école chinoise T’ien-t’ai). Saicho tranche avec le bouddhisme de Nara et ses dérives.  L’école Tendai se veut universelle : « Tous les êtres humains ont en eux le lotus de la  bouddhéité ». Il impose à ses moines une stricte discipline. Ils doivent passer de longues années au  monastère à pratiquer la concentration et la vision profonde avant de pouvoir enseigner.  Enfin, Saicho donna à son monastère une fonction de « centre protecteur » de la nation. A la mort de Saicho, le Tendai se rapprocha du Shintô,  prenant une dimension ésotérique.  Un grand nombre de temples furent construits sur le mont Hiei. On en compta jusqu’à  3000, mais la plupart disparurent au XVIIème siècle.  Au XIème siècle, des querelles politiques internes éclatèrent : les factions monastiques  avaient des prêtres armés et des mercenaires qui faisaient irruption dans les temples des  uns et des autres. Ce phénomène des moines guerriers domina toute la période  médiévale.  L'Ecole Shingon de Kukai  « Sa mémoire reste vivante partout dans le pays. Son nom est très connu, pas seulement  en tant que saint, mais aussi en tant que prêcheur, érudit, poète, peintre, inventeur et  grand calligraphe ».  Ainsi était Kukai (774-835), aristocrate de Nara, peut être la plus  célèbre figure religieuse du Japon.  Jeune moine, il se rend en Chine en 804. Il y apprend du maître bouddhiste Hui-kouo, la  doctrine secrète du Mantrayana, système ésotérique reposant sur la transmission de  maître à disciple. De retour au Japon, il crée l’école Shingon à Kyoto.   Shingon vient du chinois Chen-yen qui signifie mantra (formule  mystique). Les deux écoles sont issues du Tantra bouddhiste  indien.   La doctrine Shingon n’est pas l’enseignement du Bouddha  Sâkyamuni, mais celui du Bouddha Vairocana, le Bouddha de la  « réalité suprême » (Dharmakaya). L’enseignement de  Vairocana étant difficilement exprimable, le Shingon a recours à des gestes symboliques, des  syllabes mystiques ou des mandalas.  Selon le Mantrayana, la vérité absolue est réalisée par les « Trois secrets » du corps, de la parole et de l’esprit. La répétition de mantras, la contemplation de mandalas et l’usage de gestes  sacrés permet d’atteindre l’éveil et d’achever la bouddhéité. La Terre Pure au Japon Le moine Honen (1133-1212) porta le culte d’Amida (Amitabha) au cœur du bouddhisme japonais. Il considéra que l’éveil  prôné par le Tendai était inadapté aux « pêcheurs de cette ère violente ». Dans son « Sermon en une seule feuille », il  déclara que la répétition de « Namu Amida Butsu » (Hommage au bouddha Amida) conduit celui qui a la foi authentique au  paradis d’Amida.  Le Zen Au XIIème siècle, deux clans dominèrent le Japon : le clan Taira puis les Minamoto. En 1192, Minamoto no Yori-tomo  devint le premier Shogun.   Un an plus tôt , le moine Eisai, avait rapporté de Chine où il avait été reconnu Maître en bouddhisme Tch’an, le Zen Rinzai  et le thé. Si ce dernier devint rapidement la boisson nationale, le Zen fut accueilli plus timidement.  Le Zen Rinzai : l’étude des koans  La méditation Rinzai sur les koans est censée mener l’étudiant Rinzai vers de  profondes expériences "d’Eveil soudain ». Un koan est une énigme ou un paradoxe tel  que : « Quel bruit fait une seule main qui applaudit ? » ou « Quel était votre visage  avant la naissance de vos parents » ou encore « Un de gagné, Un de perdu ». Face à l’énigme, l’étudiant doit lâcher la pensée conceptuelle et s’ouvrir à une réalité  intuitive car inexprimable verbalement. Ce qui est « aperçu » doit être authentifié par  un maître avant de passer à une étude de koans plus difficiles. Le Zen Sotto Cette seconde école Zen fut fondée par Dogen qui avait été élève d’Eisai. Dogen passa cinq ans en Chine auprès de  maîtres Tch’an. Au prix de nombreuses  difficultés, il fit « l’expérience du lâcher du corps  et de l’esprit » qui le conduisit à l’Eveil. De  retour au Japon, il construit une salle de  méditation au temple de Kosho-ji, écrit ses        « Règles de la nouvelle salle de méditation » et  commence à entrainer des moines. Le  pratiquant se concentre sur le zazen, méditation  assise formelle et exigeante. La position doit  être droite tout en restant conscient du moment présent, sans interruption. On ne médite pas  pour devenir un bouddha mais pour exprimer sa  propre nature de bouddha. La méditation se fait souvent devant un mur. La pratique du Soto se rapproche de celle du Bouddha historique. Le Soto souligne l’importance d’accomplir les actions  quotidiennes, y compris les plus triviales, comme expression de la conscience bouddhique. La méditation Soto est donc  une expérience naturelle mais nécessite l’enseignement d’un maître qualifié.  La pratique en elle même est l’Eveil.  La pensée Mahayana s’est développée en partie pour répondre à  une demande des indiens bouddhistes laïcs qui se sentaient exclus  d’une pleine participation à l’activité religieuse, apanage des  moines. L’arhat, moine éveillé était de plus en plus considéré  comme un “aristocrate spirituel” sur la voie d’une libération  purement personnelle. Cinq cents ans après la mort du Bouddha,  les nouveaux penseurs bouddhistes appelèrent leur nouveau  courant le Mahayana (Grand véhicule). Le Mahayana une ouverture sur le monde  L'originalité du Mayayana  L’ancien canon fut remplacé par un nouveau, sensiblement différent et rallongé par neuf recueils de  sermons et douze textes canoniques. Il s’en suivit une abondante et riche littérature religieuse dont les trois principaux « sermons » sont les « Sermons de la Guirlande de Bouddha »  (Buddhavatamsaka Sutra), les « Sermons de la Perfection de la Sagesse Divine » (Prajñaparamita  Sutra) et les « Sermons de la Collection des Joyaux » (Ratnakuta Sutra). Accueil  Les fondements du Bouddhisme   Les grands courants du Bouddhisme   Philosophie ou religion   La Méditation    Bouddhisme et univers     Bouddhisme et neurosciences                                                                                                                        Sources documentaires      Contact                                                                                                                                                                                                                                                                                                        © Patrick Deullin 2011